[Côte d’Ivoire] Aya de Yopougon – Marguerite Abouet


Aya, jeune ivoirienne vivant à Yopougon (quartier populaire d’Abidjan) avec sa famille, a quasiment tout pour elle: belle, intelligente, généreuse, et honnête.

Pourtant sa vie est ponctuée de rebondissements: nous la voyons évoluer au milieu de sa famille et ses ami(e)s qui eux, n’ont rien des qualités d’Aya et lui causent bien des soucis.

Le fait que l’histoire se déroule dans la Côte d’Ivoire des années 80 permet de mettre davantage en exergue les maux profonds de la société africaine qui, jusqu’aujourd’hui, perdurent. Ainsi, Marguerite Abouet, avec un regard gai mais franc, léger mais pragmatique, touche du doigt bien des problématiques, parmi lesquelles:

  • Les grossesses précoces et la sexualité (l’hypersexualité ?) des jeunes
  • L’immigration clandestine et la perception (très) erronée de l’Europe par l’Africain –> Non, non, ce n’est pas un eldorado, et encore moins la Terre promise
  • L’homosexualité
  • La réussite au féminin (scolaire et professionnelle)
  • L’adultère, les enfants adultérins et les « double-foyers » des hommes (hommes avec un petit H, je précise)
  • L’abus de pouvoir, et le pouvoir de l’argent
  • Le harcèlement sexuel à l’université (par les professeurs)

Bref, tout y passe.

En lisant cette liste (non exhaustive) de mini-thématiques abordées dans ces BD, j’espère sincèrement que vous ne serez pas rebutés car c’est écrit/dessiné de telle sorte que ça reste, en fin de compte, divertissant.

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D’ailleurs, en parlant de divertissement, je vais vous confier dans quel contexte j’ai eu à ouvrir ces deux petites pépites. De novembre à janvier, je n’ai eu à lire que des livres assez durs, cyniques et/ou négatifs. Il n’était question que de guerres civiles, colonisation, rebondissements dramatiques, renaissance africaine, despotisme,  morts, sang, larmes, angoisses… vous voyez le tableau?

Et pour mettre une pause à ce cycle de la violence et des tourments, j’ai absolument voulu me DISTRAIRE. Me tourner vers quelque chose de joyeux sans être culcul la praline niais, de facile à lire sans être simplet. Aya de Yopougon a parfaitement répondu à ces critères.

Aussi, je dois dire que si comme moi vous avez grandi en Afrique, vous serez séduits, attendris, par les expressions (« la go », « enjaillement », « il a percé », etc), les références culinaires (Attieké, Alloco, Gateaux banane / Claclo, etc), et les petites habitudes du quotidien typiquement de chez nous (le couturier du quartier débordé, le coiffeur chouchou des dames, le tonton qui drague les minettes, etc).

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Type d’illustrations que l’on retrouve en début et en fin de livre

Tous les ingrédients sont réunis pour vous plonger, tête la première, au cœur de tous ces petits rien, qui font le charme de l’Afrique.

Le petit plus: Les tomes 1 & 2 ont été adaptés au cinéma, et le film d’animation est vraiment très bien, même si je trouve que les accents laissent un peu à désirer (vous savez, ce petit malaise, comme quand on tombe sur un film nigérian, doublé par des voix françaises…)

Aya de Yopougon Tomes 3 & 4

Nombre de pages: 126 en moyenne

Editeur: Gallimard

 

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